FABIO BOUCINHA

Qu’est qu’on attend?

Qu’est qu’on attend?

Commencée en 2021, durant mes années d’études en photographie, la série « Qu’est-ce qu’on attend ? » est un cheminement attentif, une plongée au cœur des réalités complexes toujours guidée par un engagement sincère.

À travers ces clichés, je capture des fragments de vie dans les quartiers périphériques de Toulouse, que l’on qualifie souvent de « sensibles» mais où j’aperçois avant tout des âmes vibrantes. Ces visages, que je photographie, dévoilent joies et épreuves. C’est a cela que je m’accroche.

Quand je suis arrivé, seul et sans appui, j’ai ressenti cette méfiance légitime que les habitant·es pouvaient témoigner envers les raisons de ma présence. Ils sont habitués aux regards extérieurs qui jugent, aux médias qui enferment leurs réalités dans des récits stigmatisants. Trop souvent, ces quartiers sont perçus à travers le prisme d’une violence exagérée ou d’une misère réductrice. Face à ce regard déformant, la protection devient une nécessité.

Alors, j’ai appris à patienter. J’ai laissé l’appareil photo de côté pour entrer dans leurs vies autrement, passer des journées avec les jeunes de la Reynerie et du Mirail, apprendre à les connaître, à partager des moments simples, vrais. Car ce qui importe le plus, ce ne sont pas seulement les images, mais ces instants vécus ensemble, cette confiance partagée, fragile et précieuse.

Mes photos sont des instantanés pris sur le vif, des éclairs d’urgence. Elles reflètent cette impatience palpable, cette question suspendue dans l’air : « Qu’est-ce qu’on attend ? ». Car oui, qu’attend-on pour écouter leurs rêves qui se heurtent sans cesse aux murs des inégalités sociales ? Qu’attend-on pour reconnaître cette jeunesse bouillonnante, trop souvent contrainte de remettre ses désirs à plus tard ?

Je souhaite justement montrer cette attente, mais aussi ce qu’elle contient de beauté, de force, de persévérance. Je cherche à révéler ce qui palpite sous la surface, ces vies pleines d’humanité, que ni les stigmatisations ni les regards extérieurs ne peuvent figer. Qu’est-ce qu’on attend pour voir vraiment ?

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